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14. août 2014

Christian Rakos: "Nous ne pouvons pas encore donner de chiffres pour la production de 2014, il est trop tôt pour cela. Ce qui est sûr, c’est que le marché européen des pellets a connu une croissance de 25% par an au cours des 10 dernières années."

Le marché des pellets: vers une amélioration sur le marché européen des pellets?

(©AN) La prochaine saison de chauffage débutera au plus tard au mois d’octobre. «Nous nous attendons cette année à une évolution modérée des prix», explique Christian Rakos, président du Conseil européen des pellets (EPC) et directeur de l’association professionnelle autrichienne proPellets Austria, lors d’un entretien consacré aux évolutions du marché.


Anita Niederhäusern: Le mois de septembre n’est plus très loin et la prochaine saison de chauffage dans l’arc alpin va vite arriver. L’hiver dernier, le prix des pellets en Suisse n’a jamais été aussi élevé. Toutefois, les pellets sont restés bien meilleur marché que le mazout et le gaz. Comment ont évolué les prix en Autriche et en Allemagne?
Christian Rakos: L’année dernière, nous avons également enregistré une nette augmentation des prix en Autriche et en Allemagne. Les prix ont ensuite fortement chuté cette année, au printemps. En Autriche, les prix se sont ensuite stabilisés, tandis qu’en Allemagne, ils ont encore baissé une nouvelle fois de huit pour cent au mois de juillet.

Les stocks des producteurs sont-ils vides?
Je ne le pense pas. En ce moment, la demande de pellets est plutôt faible. Généralement, le prix des pellets remonte légèrement au cours des mois d’été, ce qui n’est pas le cas cette année. Ce sont les conséquences de l’hiver doux qui commencent seulement à se faire fortement ressentir au sein de la branche. L’hiver a été doux dans toute l’Europe, comme le montrent les exportations de pellets de l’Autriche vers l’Italie qui ont beaucoup ralenti au cours du premier trimestre, mais qui ont maintenant repris. En Autriche, les pellets sont très attractifs en termes de prix avec une différence de 46% par rapport au mazout.

Que prévoit le Conseil européen des pellets (EPC) pour la saison de chauffage 2014-2015?
Nous nous attendons à une évolution modérée des prix. La situation de départ n’est pas la même: l’hiver ayant été très long et très rude pendant la saison 2012-2013, on craignait au printemps que les producteurs ne soient pas en mesure de remplir leurs stocks de pellets pour l’hiver suivant.

22.5 mio. de tonnes de pellets ont été produites en 2013. Quels sont les chiffres prévus pour 2014? Et où ces pellets sont-ils produits?
La demande va sans doute continuer d’augmenter. De nouvelles chaudières et de nouveaux fours à pellets sont régulièrement installés. Prenons l’exemple de l’Italie: chaque année, près de 150‘000 à 200‘000 fours à pellets y sont vendus pour une consommation moyenne d’environ 1 à 1.5 tonne, soit un besoin supplémentaire de 150‘000 à 300‘000 tonnes de pellets. L’année dernière, près de 100‘000 fours à pellets ont été vendus en France. Là-bas, la consommation par four est un peu plus élevée avec 1.5 à 2 tonnes, vous pouvez donc vous faire une idée du besoin supplémentaire qui en résulte. En France, les producteurs sont plutôt organisés en petites structures et le degré d’auto-approvisionnement est assez élevé. C’est tout le contraire en Italie: le pourcentage de pellets produits dans le pays est plutôt faible et une part croissante de la marchandise est déjà importée du sud-est des États-Unis et du Canada.

La hausse de la demande va-t-elle entraîner une modification des structures de production en France?
Nous le supposons. En France, il y a aussi beaucoup de forêts non exploitées. La branche envisage la création de nouvelles usines de pellets plus grandes dans lesquelles le bois rond, c’est à dire avantageux en termes de prix, c’est-à-dire du bois dur bas de gamme, pourrait être transformé en pellets. Il faut donc s’attendre à ce que de nouvelles usines de production plus grandes soient construites à un moment ou à un autre.

En Suisse, nous avons de nombreux petits producteurs de pellets qui produisent plusieurs milliers de tonnes de pellets par an. Tschopp Pellets, le plus grand producteur, pourrait actuellement produire près de 60‘000 tonnes par an. Quelle est la structure des producteurs en Autriche et en Allemagne?
En Autriche, on trouve de grandes scieries industrielles qui transforment chaque année jusqu’à un million de mètres cubes de bois. C’est pourquoi chez nous, certaines usines de pelletisation ont des capacités de 50‘000-90‘000 tonnes par an. La plus grande usine de la société Pfeifer a une capacité de 130‘000 tonnes. L’Allemagne possède des usines un peu plus grandes avec des capacités de 100‘000 tonnes et plus.

L’hiver dernier, les revendeurs de pellets autrichiens se sont protégés contre une éventuelle augmentation des prix – qui aurait pu être causée par une pénurie de pellets – en signant des contrats de livraison avec des producteurs américains. Sait-on combien de pellets ont été importés des États-Unis au final?
La quantité de pellets importés d’outre-mer est estimée à près de 30‘000 tonnes. Mais ce marché ne s’est pas avéré rentable, étant donné que le besoin est resté très faible en raison des températures douces. Nous pensons qu’il n’y aura pas d’importations de pellets d’outre-mer cette année, d’autant plus qu’en Autriche, toute une série de nouvelles usines à pellets a été mise en service ou que des usines existantes ont été agrandies. La production va subir une forte progression, nous produirons sans aucun doute plus d’un million de pellets.

Lors de la Conférence européenne sur les pellets qui s’est tenue à Wels au mois de février, différentes possibilités de production de pellets dans les anciens pays du Bloc de l’Est ont été abordées. Comment évaluez-vous la situation?
En Autriche, nous importons déjà des pellets de Roumanie depuis quelques années, mais aussi des pays des Balkans, par exemple de Serbie ou de Croatie. De plus en plus d’usines se font aussi certifier ENplus. On peut donc s’attendre à ce qu’une quantité encore plus importante de pellets de la région des Balkans et des anciens pays du Bloc de l’Est trouve le chemin de l’Europe centrale et occidentale.

Selon ABIOM, pour la première fois en 2013, plus de pellets ont été produits pour la production de chaleur que pour la production d’électricité. Cette tendance va-t-elle se maintenir?
Je pense que oui, car l’utilisation de pellets sur le marché de l’électricité stagne et qu’elle recule même dans certains pays. La législation a été modifiée aussi bien en Belgique qu’en Hollande, ce qui fait que l’utilisation des pellets pour générer de l’électricité n’y est actuellement plus rentable.

Combien de tonnes de pellets deviennent ainsi disponibles?
En Belgique, il s’agissait d’environ 1 million de tonnes par an, en Hollande, un demi-million.

Retrouvera-t-on ces pellets sur le marché du chauffage?
D’un côté, l’utilisation croissante de pellets pour la production d’électricité en Angleterre pourra absorber ces quantités, mais d’un autre côté, les pellets seront sûrement aussi affectés au marché du chauffage, car les pellets proviennent en partie d’usines des États-Unis qui sont certifiées ENplus. Aux États-Unis, une production de deux mio. de tonnes est d’ailleurs désormais certifiée ENplus. On observe également que les exploitants de centrales tentent, en raison de leurs contrats à long terme conclus avec des usines de pellets outre-mer, de vendre des pellets sur le marché du chauffage.

La combustion de pellets pour la production d’électricité n’est-elle pas une méthode peu judicieuse?
Judicieux ou non, c’est une question de perspective: évidemment, l’énergie fournie par les pellets est exploitée plus efficacement dans le domaine du chauffage que dans les centrales électriques. Cependant, grâce au marché de l’électricité, nous disposons aujourd’hui d’une sécurité d’approvisionnement élevée dans le domaine du chauffage que nous n’aurions pas sans les chaînes d’approvisionnement performantes destinées aux centrales électriques. Du point de vue des consommateurs aussi, c’est positif: il est évident que les producteurs de pellets européens ne sont pas ravis de la concurrence provenant des États-Unis et du Canada, mais ceux-ci sont en même temps les garants de prix stables pour le consommateur.

2 mio. de tonnes de pellets ont été produites en 2002 dans le monde entier, en 2013, c’était 22.5 mio. de tonnes. Quelles sont les prévisions à long terme?
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas encore donner de chiffres pour la production de 2014, il est trop tôt pour cela. Ce qui est sûr, c’est que le marché européen des pellets a connu une croissance de 25% par an au cours des 10 dernières années. Mais nous ne savons pas s’il va continuer de se développer aussi rapidement. Un ralentissement est possible, mais il y a aussi d’autres signes: en Angleterre, le deuxième bloc de la centrale de Drax fonctionne aux pellets depuis 2014 avec une combustion de deux mio. de tonnes de pellets par an.

La norme ENplus a été lancée en Allemagne en 2010, en Autriche en 2011. Parmi les 22 mio. de pellets, combien sont maintenant certifiés ENplus et quelle est l’importance de ce label?
La norme de qualité ENplus est de plus en plus importante: en quatre années seulement, six mio. de tonnes de la production ENplus sont déjà certifiées dans le monde entier. La norme s’est imposée vraiment très rapidement. Au sein de l’Union européenne, plus de la moitié des pellets vendus sur le marché du chauffage sont certifiés ENplus, et au Canada, ENplus a valeur de norme. Aux États-Unis, il est encore trop tôt pour savoir si ENplus s’imposera face à la certification locale du Pellet Fuels Institutes (PFI en abrégé). L’acceptation de cette ENplus dépend en définitive du législateur qui acceptera ou non la norme ENplus. C’est encore incertain, bien qu’il y ait plus de producteurs américains certifiés ENplus que de producteurs certifiés PFI. Si la norme serait reconnue par les administrations américaines, je suppose qu’ENplus s’imposera dans le monde entier.

L’Industrieforum Pellets aura lieu du 14-15 octobre 2014 à Berlin. Quelle est l’importance de cet évènement et quels autres évènements sont destinés aux spécialistes dans ce domaine?
L’Industrieforum Pellets est, avec la Conférence européenne sur les pellets à Wels, la plus importante conférence consacrée aux pellets pour le marché du chauffage. Celle-ci n’a malheureusement pas été organisée l’année dernière, mais nous sommes convaincus qu’elle s’imposera de nouveau cette année en tant que manifestation de référence. De très nombreux acteurs de la branche y seront de nouveau présents. La manifestation revêt sans aucun doute une grande importance pour les entreprises suisses.

©Interview: Anita Niederhäusern, éditrice prixpellets.ch

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