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08. mai 2021

Grand potentiel inutilisé: le bois-énergie peut remplacer 500 000 tonnes de mazout supplémentaires. Image : Energie-bois Suisse

Bois: Près de 2 millions de mètres cubes de bois-énergie restent inexploités chaque année - exploiter le potentiel, réduire les obstacles!

(Energie-bois) Près de 2 millions de mètres cubes de bois-énergie restent inexploités chaque année, bien que ce volume pourrait remplacer près d’un demi-million de tonnes de fuel. Une motion du Conseil national a demandé au Conseil fédéral en 2019 de tirer parti au plus vite du grand potentiel inutilisé de l’énergie-bois et d’éliminer les contraintes et directives qui s’y opposent. Le projet du rapport final est disponible depuis la fin mars 2021. Andreas Keel, directeur d’Energie-bois Suisse, décrit le résultat: «Il contient une analyse exhaustive de l’état actuel de l’utilisation du bois-énergie, des freins les plus importants et des mesures d’encouragement possibles.

Le 21 mars 2019, le Conseiller national Erich von Siebenthal, soutenu par 15 cosignataires, a déposé une motion demandant au Conseil fédéral d’exploiter le potentiel du bois-énergie et donc de développer l’utilisation du bois comme ressource énergétique. Le texte de la motion précisait qu’«il s’assurera notamment que cette croissance ne soit pas freinée par des contraintes inutiles.» Les objets du soutien sont explicitement nommés: les réseaux de chaleur au bois et la production d’électricité à partir du bois. Le 29 mai 2019, le Conseil fédéral a proposé d’accepter la motion. Le Conseil national a suivi cette proposition le 21 juin et le Conseil des Etats le 5 décembre 2019.

L’Office fédéral de l’énergie OFEN a chargé un comité d’auteurs scientifiques d’établir un rapport intitulé «Analyse von Hemmnissen und Massnahmen zur Ausschöpfung des Holzenergiepotenzials» et destiné à servir de base pour les mesures de mise en œuvre concrètes («Analyse des obstacles et mesures d’exploitation du potentiel de l’énergie-bois», en allemand seulement). Des groupes d’encadrement et de travail bien ancrés au sein des autorités et associations ont soutenu les auteurs.

Les anciennes revendications restent d’actualité
Le projet du rapport final est disponible depuis la fin mars 2021. Andreas Keel, directeur d’Energie-bois Suisse, décrit le résultat: «Nous avons obtenu une analyse exhaustive de l’état actuel de l’utilisation du bois-énergie, des freins les plus importants et des mesures d’encouragement possibles. Le rapport confirme et corrobore plusieurs constats et revendications clés d’Energie-bois Suisse dont certains sont sur l’agenda depuis des années.» Keel espère que l’histoire de la genèse politique du rapport, ainsi que son enracinement et ancrage généralisés, lui donneront beaucoup de poids et se traduiront par un plus grand nombre d’initiatives de la part des pouvoirs publics, adoptant des mesures de soutien concrètes et facilitant l’élimination de freins et obstacles pénibles et inutiles.

Petites et grandes installations
Il est frappant de constater que le rapport évoque surtout les grandes installations (d’une puissance supérieure à 500 kW) et la production d’électricité à partir du bois au sein de grandes installations de couplage chaleur-force centralisées. Une puissance de 500 kW permet d’exploiter un réseau de chaleur comprenant une école, la mairie, l’église et un certain nombre d’immeubles supplémentaires. Pourtant, les experts et représentants du secteur interviewés pour l’élaboration du rapport mentionnent à plusieurs reprises que plus de 50% du bois-énergie sont utilisés dans de petites installations (moins de 500 kW) en Suisse aujourd’hui et que leur nombre a également connu une évolution très réjouissante. Selon eux, les installations plus petites et de taille moyenne continueraient donc de constituer un pilier essentiel de l’exploitation du bois-énergie aussi à l’avenir et ne devraient en aucun cas être exclues des démarches de soutien. En effet, les unités plus petites peuvent assurer une production de chaleur décentralisée très utile et efficace.

Le climat ne se soucie pas de la taille des chauffages
«En fin de compte, le climat ne se soucie pas de la taille des chauffages au bois qui remplacent les énergies fossiles», souligne Andreas Keel avec pertinence. C’est notamment dans les régions rurales sans zones fortement urbanisées que le bois peut présenter une solution de chauffage écologique pour des bâtiments individuels. Les systèmes de chauffage au bois utilisés à cet effet se distinguent par un niveau technique élevé et garantissent des distances de transport extrêmement courtes, ainsi qu’une création de valeur précieuse sur le plan local et régional. L’emploi du bois-énergie au sein de petits réseaux de chaleur est également très utile et efficace, par exemple dans des zones résidentielles comportant des immeubles locatifs, des piscines couvertes ou des centres urbanisés de construction densifiée.

Des mesures de soutien appropriées
Sur cette toile de fond, Energie-bois Suisse en appelle aux décideurs des milieux politiques et des autorités de se concentrer sur l’objectif – exploiter le potentiel – plutôt que sur la manière d’y arriver, c’est-à-dire la taille des installations. Il convient d’accorder bien plus d’importance aux aspects tels que le rendement global, le coût, les distances de transport, la création de valeur locale et régionale, ainsi que la qualité technique des projets, qu’à la puissance des systèmes. Andreas Keel résume la situation ainsi: «En plus de l’élimination d’obstacles inutiles, nous revendiquons des mesures de soutien appropriées pour l’éventail complet des types d’utilisation du bois-énergie. En particulier, il convient de sensibiliser le public cible pour l’exploitation de notre agent énergétique indigène et de le motiver par des mesures de communication adaptées.»

Freins et préjugés
Quelles sont les difficultés qui entravent une utilisation plus rapide du potentiel du bois-énergie et comment les réduire, voire les éliminer? Les freins les plus importants identifiés par le rapport sont: une image négative de l’énergie du bois due à une communication insuffisante, la rentabilité et le financement, la protection de l’air, l’aménagement du territoire, les procédures d’autorisation et le droit de recours. Des mesures à court, moyen et long terme faciliteraient la lutte contre ces obstacles. Permettant une implémentation à court terme, les démarches ayant trait à la communication sont les plus prometteuses: le public ignore généralement les nombreux avantages, le grand potentiel du bois-énergie et la situation de l’économie forestière et du bois.

Campagne de communication et incitations financières
Pour remédier à cette situation, une campagne de communication ou d’image nationale mettant en avant l’énergie du bois indigène ferait l’affaire. Une autre solution prometteuse, efficace et longtemps éprouvée consiste à proposer des incitations financières, qu’il s’agisse d’un soutien direct aux projets à l’énergie du bois ou de mesures indirectes, par exemple du renchérissement du prix du mazout et du gaz dans le cadre de la politique climatique (taxe sur le CO2). A ce titre, il faut au moins conserver la portée actuelle des incitations financières pour les chauffages au bois, quitte à l’étendre dans les cas d’applications particulières telles que la génération d’électricité ou la production de charbon végétal.

Réduction des émissions de fines des chaudières au bois de près de deux tiers
A moyen et à plus long terme, les mesures relatives aux conditions cadres réglementaires revêtent beaucoup d’importance, en particulier les dispositions et la mise en œuvre de l’ordonnance sur la protection de l’air OPair, le plan directeur de l’énergie dans le cadre du droit de l’aménagement du territoire, la recherche de sites pour les centrales de chauffage et les droits de passage des conduites, ainsi que les procédures d’autorisation et le droit au recours. L’exemple de l’OPair prouve combien l’influence positive des conditions cadres légales est importante: les valeurs seuil renforcées progressivement ont permis de réduire les émissions de fines des chaudières au bois de près de deux tiers, soit de plus de 6000 tonnes en 1990 à 2000 tonnes en 2019 (source: rapport final, projet, mars 2021, p. 21). Pendant la même période, l’utilisation de bois-énergie a crû de 50%!

Le rapport identifie la nécessité d’agir également au niveau de l’élimination des cendres et des mesures techniques, telles que l’obligation de mesure périodique et l’étalonnage des compteurs de chaleur. Notons aussi l’exportation inutile de bois usagé de l’ordre de 250 000 à 300 000 tonnes qui pourraient servir à la production d’électricité et de chaleur de processus dans de grandes installations centralisées en Suisse.

Il est grand temps d’agir!
Andreas Keel conclut que le rapport fournit une bonne base qui permettra le lancement de mesures par les autorités publiques. «Il est maintenant l’heure d’agir et le rapport détaille clairement les champs d’action les plus importants. C’est l’action qui nous fera avancer, car nous sommes tous menacés par le réchauffement climatique et le potentiel du bois-énergie se trouve littéralement sur le pas de notre porte.»

Texte : Christoph Rutschmann sur mandat d‘Energie-bois Suisse

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