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30. juin 2021

Une exploitation plus poussée permettra au soleil d’éclairer davantage les sols. Un peuplement forestier naturel et riche en structures augment la biodiversité. Image : Energie-bois Suisse

Pauvres en espèces, les monocultures d’épicéa : les cimes des arbres plantés serrés absorbent la lumière et les aiguilles tombantes acidifient progressivement les sols au cours des décennies. Image : Energie-bois Suisse

Energie-bois Suisse : L’exploitation du bois-énergie augmente la biodiversité - comment se fait-il?

(Energie-bois Suisse) La forêt n’est pas systématiquement un paradis de biodiversité. Celle-ci dépend de la répartition des essences et de la cohabitation entre jeunes et vieux peuplements. Le changement climatique menace la forêt telle que nous la connaissons: les quatre essences principales vont largement disparaître du Plateau suisse au cours des prochaines décennies. Il nous faut donc «restructurer» nos forêts. De cette activité résultera du bois qui convient surtout à la production d’énergie. Par bonheur, la demande de bois-énergie a sensiblement augmenté ces dernières années. L’utilisation de bois-énergie agit donc comme un moteur pour la sylviculture naturelle et peut apporter une contribution importante à l’encouragement de la biodiversité en forêt.

Une promenade en forêt est bonne pour la santé. Le promeneur se croit pénétrer au fin fond de la nature et de la biodiversité. Pour sa randonnée, il se fait guider par le garde forestier d’une exploitation forestière typique sur le Plateau suisse, qui lui raconte des faits intéressants. Le forestier dit se réjouir de la demande croissante en bois-énergie de ces dernières années. Elle n’est pas seulement indispensable pour la survie économique de l’exploitation forestière, mais améliore aussi la biodiversité de la forêt. Comment se fait-il? se demande le promeneur.

La Suisse particulièrement pauvre en biodiversité
En quittant la surface agricole à exploitation intensive pour se diriger vers la forêt, le garde forestier explique que la Suisse n’a mis en réserve que 6% de zones de conservation du paysage. De tous les pays européens, il s’agit du plus faible pourcentage par rapport à la superficie. Notre pays est donc particulièrement pauvre en biodiversité: près d’un tiers de nos espèces animales et végétales sont menacées. Une proportion effarante de 90% des prairies et pâturages secs ont disparu au cours du dernier centenaire. Ce n’est pas vraiment à l’honneur d’un pays qui a l’habitude de souligner la beauté de sa nature dans ses publicités. De surcroît, le réchauffement climatique, avec ses étés secs et chauds, et une répartition décalée des précipitations met en danger beaucoup d’espèces indigènes.

Oui et non!
Le promeneur déglutit et s’étonne. Pour lui, la forêt suisse reste un paradis de biodiversité. Le monde est encore intact en forêt, pense-t-il. Est-ce vrai? Oui et non! Car les forêts ne sont pas les mêmes partout. Une monoculture d’épicéas âgée de 100 ans, par exemple, est particulièrement pauvre en espèces. Les cimes des arbres plantés serrés absorbent la lumière et les aiguilles tombantes acidifient progressivement les sols au cours des décennies. Le promeneur s’aperçoit immédiatement des sols dénudés dans les forêts d’épicéas sombres. Ici et là, il voit pousser des mûres, mais ce ne sont pas les végétaux rêvés pour une zone riche en espèces. Cela sent bon, du moins… Sur le Plateau suisse, les forêts d’épicéas ont été créées artificiellement, ajoute le garde forestier. Elles ont été établies il y a cent ans et plus, dans le cadre des grandes reforestations, lorsque les forêts suisses étaient pillées suite aux longues années de surexploitation.

Exploitation forestière qui ménage la nature
Les forêts plantées sous forme de monocultures ne sont donc pas ce qu’il y a de mieux, réfléchit le promeneur, et se demande ce qu’il en est de la biodiversité dans une forêt laissée à l’état naturel? Le garde forestier explique que la Suisse n’a pratiquement plus aucune forêt à l’état naturel. Cependant, des générations de gardes forestiers, fortement engagés pour une structure naturelle des forêts, ont pratiqué une exploitation forestière qui ménage la nature. La Suisse possède donc une interdiction d’essartage, et le principe de la durabilité est inscrit dans une loi qui exige que l’exploitation annuelle du bois ne dépasse jamais les volumes qui repoussent en forêt pendant la même période. En Suisse, nous exploitons nettement moins de bois qu’il n’en repousse, et ce depuis des décennies, souligne le garde forestier. Par hectare de surface forestière, notre pays dispose donc de réserves de bois qui frôlent le record. En revanche, cela signifie aussi que nos forêts ont tendance à être surannées et donc moins résistantes aux intempéries et au bostryche.

Une voûte majestueuse, délicatement verte
Le garde guide le promeneur vers un peuplement composé majoritairement de grands hêtres. Quelques érables, des frênes dépérissants et des chênes imposants donnent l’apparence d’une certaine variété. C’est ainsi que le promeneur s’imagine la forêt: une voûte majestueuse, délicatement verte, le soleil transperçant le feuillage ci et là pour éclairer un sol couvert d’herbes, de graminées et de quelques petits buissons. Le garde forestier relativise l’image de rêve du promeneur. Ici aussi, un nombre assez restreint d’espèces domine le peuplement, et la faune ne fait pas preuve d’une grande biodiversité. La lumière qui atteint les sols est également insuffisante pour faire naître un grand éventail d’espèces. Les forêts de ce type, appelées communautés forestières de hêtres, dominent naturellement le Plateau suisse. Par rapport aux surfaces agricoles à exploitation intensive, elles sont effectivement un véritable paradis, et le garde forestier en est fier.

Trois-quarts de nos réserves menacés
Les promeneurs s’arrêtent devant une gigantesque pile de bois, haute comme une maison. Des troncs d’épicéas et de sapin blanc longent le chemin. Le garde forestier invite le randonneur à les regarder de plus près. L’écorce s’est partiellement détachée du bois et présente un aspect criblé de minuscules trous. A l’intérieur, on distingue un fin réseau de galeries, de même que dans la surface du bois. Ce sont les traces voraces du bostryche, dont la population incommensurable fait dépérir même des arbres en bonne santé. Le garde, très serein normalement, lève un peu la voix. Le promeneur entend tout de suite qu’il va révéler un fait important. En Suisse, les quatre essences majeures sont l’épicéa et le sapin blanc, le hêtre et le frêne. Elles forment environ trois-quarts de nos réserves. Les trois premières souffrent massivement des étés secs et chauds que nous avons vus ces dernières années. Le frêne est quant à lui victime d’un champignon agressif importé d’Asie.

Produire de l’énergie
Le garde forestier cite une étude réalisée par l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage selon laquelle nos quatre essences principales vont disparaître des forêts sur le Plateau suisse au cours des prochaines décennies. Mais c’est presque la forêt toute entière, s’exclame le promeneur, horrifié. Le défi sera effectivement de taille, confirme le forestier. Il faut évacuer les arbres morts ou dépérissants le plus vite possible. Leur bois convient surtout pour produire de l’énergie. Grâce aux nombreux chauffages au bois et réseaux de chaleur installés en Suisse ces dernières années, la demande en bois-énergie s’est nettement accrue. Sans ce débouché, les exploitations et propriétaires forestiers auraient du mal à écouler leur bois de qualité inférieure. Toutes les essences d’arbres peuvent être transformées en bois-énergie, même des troncs trop fins ou courbés, ainsi que les branchages.

Une excellente opportunité
Le garde trouve qu’il s’agit là d’une excellente opportunité pour accélérer la conversion des forêts aux essences plus résistantes au climat. Une exploitation plus poussée permettra aussi au soleil d’éclairer davantage les sols. Les zones de rajeunissement plus étendues et la cohabitation d’arbres jeunes et vieux auront un effet très positif sur la biodiversité. On plantera une plus grande diversité d’essences côte à côte: tilleul, érable, mélèze, chêne, douglas et pin formeront de plus en plus de structures forestières belles et variées. L’entretien nécessaire de la forêt grandissante sera plus intéressant si le bois qui en résulte peut être vendu sous forme de bois-énergie. Ce dernier a sans cesse gagné en importance au cours des dernières années, passant du produit secondaire au moteur de la sylviculture pour beaucoup de régions.

Le forestier se réjouit de l’effet secondaire de ce développement: une plus grande biodiversité. Et le promeneur réalise qu’il faut y regarder de plus près et juger de manière différenciée. Il a compris pourquoi le garde forestier s’engage pour l’énergie du bois, renouvelable et au bilan climatique neutre, et se promet de soutenir activement un projet visant l’agrandissement de la centrale de chauffage au bois avec son réseau de chaleur dans sa commune. Il sera ravi de pouvoir ainsi contribuer à une plus grande biodiversité.

Texte : Energie-bois Suisse

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